lundi 18 août 2014

LES MILIEUX LITTORAUX


1. LES MILIEUX LITTORAUX
Le littoral comprend la ligne de côte et une bande immergée de largeur variable dont la profondeur est inférieure à 200 mètres et qui correspond à la plate-forme littorale. La ligne de côte comprend les plages, les falaises et la partie du continent soummise plus ou moins directement à l'action de la mer: duneslittorales, marais côtiers, estuaires... La nature de la sédimentation littorale, ou néritique, dépend essentiellement des apports détritiques du continent et de la productivité biologique, ces deux facteurs dépendant eux-mêmes de la latitude et du climat. Dans les régions tempérées et froides, les matériaux détritiques dominent; leur composition est surtout siliceuse: on parle de sédimentation silico-clastique. Dans les régions chaudes nombreux sont les organismes qui fixent le carbonate de calcium ; à leur mort, les éléments carbonatés s'accumulent au point de constituer la matière principale du sédiment: on parle de sédimentation littorale carbonatée. Cette dernière fera l'objet du chapitre suivant. Les estuaires, deltas et lagunes seront étudiés dans des chapitres distincts .
Figure 7-1: zonation des milieux littoraux néritiques
2. LA LIGNE DE COTE
2.1 Les côtes rocheuses
Les côtes rocheuses et escarpées bordant des mers agitées sont des domaine d'érosion ou du moins d'absence de sédimentation. Les matériaux arrachés sont emportés par les courants littoraux puis s'accumulent dans des "rentrants" protégés de la côte. L'action propre de l'hydrodynamisme marin est important sur les roches tendres. Les îles volcaniques constituées de cendres sont rapidement érodées par les vagues: dans les îles Lipari, le Vulcanello, petit volcan dont l'activité est historique, a déjà perdu la moitié de son cône. Les organismes participent à l'érosion des côtes: les mollusques lithophages, certaines annelides, perforent les roches dures. Des vers, des crustacés, des bivalves creusent desterriers dans les sédiments meubles. La mer agit également par voie chimique; au dessus du niveau de la mer apparaissent des cavités de dissolution surtout importantes dans les roches calcaires et qui sont dûes à l'action des embruns chargés de sels. Ces cavités ou taffoni, quand elles sont nombreuses, confèrent à la roche une structure alvéolaire déchiquetée commune sur les côtes atlantiques marocaines. Les algues participent également à la destruction chimique. L'érosion continentale ajoute son effet à celle de la mer. Le recul des falaises crayeuses du Pays de Caux est en grande partie due à l'action de la pluie et du gel qui minent la falaise et provoquent son éboulement. La mer déblaie les matériaux éboulés, dégage les silex et les usent en galets. Les galets sont entrainés vers le nord par le courant littoral et déposés jusqu'à la baie de Somme; ils constituent des plages particulièrement inconfortables.
2.2 Les plages
Les plages sont des lieux d'accumulation de sables, plus rarement de galets, situés le long du rivage. Le déferlement des vagues génèrent des courant locaux qui produisent le déplacement des sables et leur accumulation en une barre de déferlement, quelquefois plusieurs, parallèle au rivage.
                                            
Figure 7-2: déplacement des matériaux dans la zone de déferlement
a) Origine des matériaux
Les sables proviennent généralement du continent; ils sont apportés par les fleuves dans les estuaires et les deltas puis dispersés le long du littoral par les courants: c'est le cas des plages de Vendée (Loire) et de Camargue (Rhône). Néanmoins, ils peuvent provenir du remaniement par la mer de sables littoraux: au cours d'une tempête, les vagues et les courants peuvent exporter des pans entiers de plage et déposer le sable plus loin. Aux éléments terrigènes s'ajoutent de éléments calcaires provenant de la destruction des coquillages. Certains sables de plage viennent de l'érosion sous-marine des sables de la plate-forme: le sable des plages picardes au Nord de la Somme ont pour origine les sables éocènes du fond de la Manche. Les galets sont également apportés par les fleuves. Par rapport aux sables, leur dispersion le long de la côte est plus faible et ne dépassent guère que quelques kilomètres depuis l'embouchure. Certains galets proviennent de l'usure même de la côte (cas des galets de silex); ceux du Pays de Caux sont déplacés de plusieurs dizaines de km le long de la côte vers le Nord.
b)Zonation
Le balancement des marées et l'énergie des vagues délimitent un certain nombre de zones d'hydrodynamisme différent dont les noms varient selon les auteurs et le type de sédimentation (Figure 7-1). Schématiquement, l'hydrodynamisme est maximal dans la zone déferlement, les sédiments déposés sont grossiers (sables, galets). En direction du large l'hydrodynamisme diminue et la taille des matériaux également.
Figure 7-3: Répartition des éléments détritiques sur une plage en fonction de l'hydrodynamisme.
2.3 Les vasières
Dans les parties protégées du littoral, l'hydrodynamisme est plus faible et les particules fines se déposent; les estuaires et les fond de baies présentent ces caractères: Baie du Mont St Michel, Baie de Somme, Estuaire de la Gironde, Bouches de l'Escaut, de la Meuse et du Rhin. La morphologie est particulière; deux zones sont distinguées aux Pays Bas.
* Le schorre est la zone supratidale; ce sont des marécages garnis de végétation herbacée et parcourus de chenaux tidaux . Il s'y dépose un sédiment silto-argileux laminé, riche en matière organique appelé tangue dans la Baie du Mont St Michel. La sédimentation est souvent plus grossière dans les chenaux (sables) et montre une alternance de lamines sableuses et de lamines silto-argileuses correspondant à l'action d'un courant fort, en général le flot, et d'un courant plus faible, en général le jusant. Ces couplets de marée ("tidal bundles") sont caractéristiques des milieux marins tidaux.
Figure 7-4: Formation classique des couplets de marée dans un chenal: alternance d'une maine grossière de flot et d'une lamine fine de jusant.
Figure 7-5: disposition des couplets de marées dans un chenal tidal
* La slikke contient la vase de la zone intertidale. Les organismes fouisseurs sont nombreux (annélides, bivalves). Elles est traversée par des chenaux à courant de jusant où se déposent des dépôts sabloneux à structures hydrodynamiques traduisant la cyclicité des marées.

3. LA PLATE-FORME
C'est le prolongement au large de la zone subtidale. L'hydrodynamisme peut y être fort: oscillation et succion sur le fond des vagues, érosion et dépôt par les courants de marées. De plus, pendant les tempêtes, apparaisent des courants "géostrophiques" provoqués par le reflux en profondeur de la masse d'eau poussée par les vents en direction des côtes; le déplacement de l'eau se fait d'abord perpendiculairement à la ligne de rivage, puis la force de Coriolis dévie le mouvement vers la droite dans l'hémisphère nord.

Figure 7-6: Formation d'un courant géostrophique induit par la tempête. (1) le vent souffle en direction de la côte; (2) il cesse et l'eau reflue en profondeur.

Selon la vitesse des courants le fond est érodé ou des sédiments s'y déposent. Ce sont principalement des sables. Les formes principales d'accumulation sont des rubans sableux longitudinaux, des dunes, des mégarides ou vagues sableuses, des rides.
Figure 7-7: Action d'un courant sur le fond en fonction de sa vitesse.
Sur les côtes atlantiques nord-américaines, les accumulations sableuses sont dues aux courants de tempête; elles sont disposées en barres obliques par rapport au rivage. Dans la Manche, les courants de marée sont déterminants; leur vitesse atteint 1 m/s; ils changent périodiquement de sens mais effectuent un circuit de telle sorte que les figures sont souvent unidirectionnelles. En Mer du Nord on trouve des corps sédimentaires alongés, les "bancs", de plusieurs dizaines de km de long pour une hauteur atteignant 40 m, qui portent des mégarides et des rides (exemple Dogger Bank).

Figure 7-8: Structure interne d'une vague sableuse (image sismique).

Dans les zones plus profondes de la plate-forme et dans les mers picontinentales, l'hydrodynamisme plus faible peut favoriser la stratification de l'eau et l'anoxie. Les débris organiques s'accumulent et sont réduits. Des accumulations de débris phosphatés se produisent actuellement au large des côtes de Namibie. Le dépôt de matière organique réduite et d'argile donne des sédiments noires qui évoluent plus tard en "black shales". Dans les sables accumulés sur les plate-formes se forme un silicate d'alumine proche de l'illite, la glauconie.








                                                  


mercredi 13 août 2014

TRANSPORT DES MATERIAUX

TRANSPORT DES MATERIAUX


Les matériaux produits par les phénomènes d'érosion sont généralement déplacés sous l'action de la gravité et de l'eau, plus accessoirement sous l'action du vent.
1. TRANSPORT PAR GRAVITE PURE
Ce mode de transport se rencontre dans les régions présentant des différences d'altitude créant des pentes, et où la désagrégation mécanique est forte, c'est à dire essentiellement en montagne et en régions désertiques. Les él&eacuttagne et en régions désertiques. Les éléments sont déplacés sur une faible distance, quelques centaines de mètres, exceptionnellement quelques km et s'accumulent en cônes d'éboulis: par exemple ceux de la Casse déserte au col de l'Izoart. Ils sont non usés et de toute taille; les plus gros descendent plus loin et forment la frange du cône: un certain grano-classement horizontal s'établit. La porosité des éboulis est grande et la percolation des eaux bonne. La cimentation est rapide, surtout en pays calcaire, et donne une brèche de pente à éléments anguleux.
Très souvent, à la suite de fortes pluies par exemple, à la gravité pure s'ajoute l'action de l'eau. Les éboulis comprenant une phase fine d'argile forment des coulées boueuses qui glissent sur les pentes et peuvent causer des dégâts considérables. Les éléments sont anguleux, mal classés (en vrac) et emballés dans une matrice argileuse. Ce sont les "coulées de débris" ou "coulées de solifluxion" aériennes qui peuvent apparaître dans tout matériel meuble à éléments fins situé sur une pente et remobilisé par les pluies: sols, cendres volcaniques. Les coulées de solifluxion forment les colluvions des fonds de vallée.
Lorsque la quantité d'eau incorporée est plus grande, les coulées sont plus fluides et passent aux "laves torrentielles" s'écoulant dans les lits des torrents au cours d'un orage: le terrain de camping du Grand Bornand (Savoie) a été ainsi envahi par une coulée boueuse qui a dévalé le lit du torrent de la Borne à la suite d'un fort orage en 1987. Les eaux très chargées en matériaux des rivières de pays désertiques ("wadi") constituent des écoulements intermédiaires entre le courant de traction classique d'un cours d'eau et la coulée de débris.

2. TRANSPORT PAR LA GLACE
Sous climat froid et humide, la neige se transforme en glace par compaction et fusion. La glace s'écoule comme un fluide visqueux et forme un glacier. La charge transportée dépend de l'approvisionnement en matériaux. En montagne, le glacier peut transporter des éboulis en telle quantité que ces derniers recouvrent et dissimulent complètement la glace (cas du Glacier Noir dans l'Oisans). La charge est beaucoup plus faible pour les glaciers polaires en calotte. La compétence d'un glacier est également grande: certains blocs dépassent plusieurs mètres. Ils sont abandonnés à la fonte des glaces et constituent des "blocs erratiques" caractéristiques du passage des glaciers. Citons ceux de la régions lyonnaise apportés des Alpes par le glacier du Rhône au cours des glaciations quaternaires.
Les matériaux transportés sont fortement hétérométriques et ne montrent pas de classement par taille. Les éléments ne sont pas usés par des séries de chocs entre eux, comme cela se produit dans un transport éolien ou aquatique, mais ils peuvent être broyés entre eux ou contre les parois de la vallée sous l'effet de la pression de la glace, jusqu'à former une "farine glaciaire" faite de quartz et autres éléments très fins qui sont une proie facile pour l'érosion torrentielle ou éolienne. La distance de transport est de quelques dizaines de km pour les glaciers de montagne mais elle peut dépasser la centaine de Km pour les grands systèmes glaciaires (glaciers du Groenland).

3. TRANSPORT PAR L'EAU
3.1 Eaux sauvages et eaux chenalisées
L'eau transporte des matériaux détritiques en suspension et des éléments en solution. La charge d'une rivière est en moyenne de 120 grammes par d'éléments en solution pour 510 g par m3 de suspension. Sa compétence est également bien plus faible que celle d'un glacier et dépasse rarement quelques dizaines de cm. Les matériaux détritiques sont transportés d'autant plus loin qu'ils sont plus petits, des milliers de km pour les grands fleuves: il s'établit un classement longitudinal. Ils se choquent et s'usent au cours du transport. On distingue deux grands types d'écoulement:
* l'écoulement non canalisé, ou "eaux sauvages", correspondant au ruissellement sur une pente. L'érosion est importante mais la longueur du transport est faible; très vite, les filets d'eau se rassemblent est forment un chenal. Le ruissellement apparait à la suite de fortes pluies; il est développé en montagne, en particulier dans les bassins de réception des torrents;lorsque la charge est grande, il évoluent en de véritables coulées boueuses. Les matériaux fins sont arrachés, ceux qui sont protégés par un bloc peuvent être épargnés, ils constituent alors un pilier sous le bloc appelé "demoiselle coiffélé "demoiselle coiffée" ou "cheminée de fée". Sous climat désertique, les orages provoquent des écoulements en nappes, ou sheet flood, peu chenalisés qui recouvrent de vastes surfaces mais sont très éphémères.
* les eaux canalisées qui coulent dans un ou plusieurs chenaux en fonction de la pente on parle généralement de torrent pour une pente et une vitesse forte, de rivière pour une pente et une vitesse faible.
3.2 Caractéristiques physiques d'un écoulement
Les paramètres principaux sont la vitesse et la viscosité du fluide en mouvement; ils déterminent le type d'écoulement.
a) La viscosité dépend de la quantité de matériaux transportés en suspension et en solution; elle a une valeur minimale pour une eau pure. Elle conditionne la compétence du fluide. Un écoulement à forte charge est trés visqueux et peut transporter des matériaux de grand taille.
b) La vitesse est fonction de la pente et de la viscosité du fluide: sur une même pente, une eau pure coule plus vite qu'une eau chargée. Un gradient de vitesse existe depuis le fond, où la vitesse est nulle, jusqu'à la surface où la vitesse est maximaleagrave; la surface où la vitesse est maximale. Un écoulement profond, quelques mètres par exemple, a peu d'action sur le fond; au contraire, une écoulement très superficiel, quelques décimètres, a une forte action érosive sur le fond qui est proche de la surface où la vitesse est grande. A vitesse égale en surface, l'action érosive des wadi en région aride est bien plus grande que celle des rivières de pays tempérés.
c) Le type d'écoulement est laminaire ou turbulent. Lorsque la vitesse d'écoulement est petite, les filets d'eau sont parallèles entre eux, leur vecteur vitesse est identique: l'écoulement est laminaire. La vitesse moyenne est égale à la vitesse instantanée. Pour une vitesse grande, il se produit des remous, les vecteurs vitesse varient en intensité, direction et sens; à un instant t, les particules d'eau ont des vitesses instantanées différentes: l'écoulement est turbulent. La vitesse moyenne de l'écoulement est égale à la somme algébrique des vitesses instantanées. Les variation de la vitesse instantanée en un point conditionne le déplacement d'un objet sur le fond. Lorsque la vitesse augmente, l'objet est soulevé et entraîné, lorsqu'elle diminue, il tombe: l'objet saute elle diminue, il tombe: l'objet saute sur le fond (saltation). Le passage de l'écoulement laminaire à l'écoulement turbulent dépend de la valeur de la formule (nombre de Reynolds):
    R = k HV/ µ
    H= hauteur de l'eau V= vitesse moyenne µ= viscosité
Un grand fleuve rapide aura un écoulement turbulent.
d) Modifications d'un écoulement dans un chenal Tout rétrécissement dans un chenal produit l'augmentation de la vitesse de l'eau et corrélativement celle de l'érosion des berges et du fond. Un élargissement au contraire est accompagné d'une diminution de vitesse qui favorise la sédimentation. Un torrent creuse en passant dans des gorges étroites, il dépose des matériaux à leur sorties. Dans un chenal courbé, la vitesse est plus grande à l'extérieur de la courbure qu'à l'intérieur: dans un méandre, la rivière creuse sa rive concave et dépose sur sa rive convexe.(figure 4-1)
Toute irrégularité de la paroi du chenal et tout obstacle provoquent des turbulences. La vitesse augmente en avant de l'obstacle, c'est une zone d'érosion, des tourbillcle, c'est une zone d'érosion, des tourbillons se forment en arrière de l'obstacle et des matériaux peuvent se déposer dans la zone d'ombre (cas des remous en arrière des piles de pont responsables des noyades en rivière).
3.3 Action d'un écoulement sur le fond d'un chenal
Tout obstacle ou irrégularité du fond provoque une augmentation locale de la vitesse, donc une érosion. Si la vitesse générale de l'écoulement diminue par la suite, les cavités d'affouillement du fond sont comblées et moulées par les dépôts ultérieurs; elles sont conservées en empreintes à la base du corps sédimentaire qui donnera un banc après diagénèse. Parmi les nombreuses figures d'érosion on peut citer les flûtes (flute casts), les croissants de courant (moulage de cavité d'érosion devant un obstacle.(figure 4-2)
Les objets présents sur le fond peuvent être déplacés et accumulés en fonction de leur taille, de la vitesse du courant et de la profondeur de l'écoulemeurant et de la profondeur de l'écoulement. La surface du dépôt présente des formes particulières, les figures de courant. Prenons l'exemple d'une rivière dont le fond est couvert de grains de sable d'une taille de 0,2 mm. Le type de figures est fonction de la vitesse du courant et permet de définir 2 régimes d'écoulement: un haut régime, rapide, un bas régime, lent (figure 4-3)
Ces figures sédimentaires peuvent être conservées dans les sédiments anciens, sauf les antidunes dont la conservation est exceptionnelle. On les trouvera à la surface d'un banc, ou en contre-empreintes à la base du banc suivant. On pourra ainsi connaître la vitesse d'un écoule-ment ancien, sa direction (fond plat de haut régime donnant une linéation de délit) et son sens (dissymétrie des rides et des dunes).(figure 4-4)
3.4 Transport des solutions
Cet aspect du transport d'une rivière est souvent négligé. Pourtant la quantité de matière transportées en solution est considérable. En climat tempéré, une rivière de plaine transporte plus de matière en solution qu'en suspension: c'est le cas de la Seine dont l'eau contient une quantité importante d'effluents industrielles. La quantité totale de matière en solution apportée par les fleuves aux océans a été chiffrée à des milliard de tonnes par an. La répartition des éléments chimiques diffère de celle de l'eau de mer: l'eau de rivière est comparativement plus riche en silice et carbonates dissous.



eau de mereau douce
Cl190008
Br65_
SO4265011
HCO314058
H3BO326_
Mg12704
Ca40015
Sr8_
K3802
Na105606
Fe_2
SiO2613
TOTAL34500120 ppm



Tableau 1: composition chimique comparée de l'eau de mer et de l'eau douce (ppm)


Cette différence de composition explique que les dépôts évaporitiques des cuvettes endoréiques, alimentées par les eaux continentales, ont une composition différente de celle des lagunes littorales.
3.4 Transport des éléments solides
La quantité des éléments transportés dépend des caractères du fluide, vitesse et viscosité, et de ceux des éléments eux-mêmes, taille, forme, densité. L'écoulement de l'eau produit sur l'élément une force verticale, dirigée de bas en haut, qui s'oppose à son poids apparent et tend à le soulever. Cette force est proportionnelle à la vitesse du courant. Les petits éléments (argiles, sables) sont arrachés du fond et suspendus dans l'eau. Toute diminution de vitesse produit leur chûte. Ce transport par suspension est celui des particules de petite taille. Letransport par suspension est celui des particules de petite taille. Les éléments plus gros ne s'élèvent pas au dessus du fond, sauf épisodiquement, à la suite d'une brusque élévation de la vitesse instantanée (saltation), ils roulent ou rampent sur le fond. Le diagramme de Hjulström illustre le comportement des particules en fonction de leur taille et de la vitesse du courant. Pour des vitesses fortes, les particules sont arrachées du fond (érosion) et transportées. Pour des vitesses plus faibles, les petites particules déjà arrachées sont transportées, les plus grosses restent sur le fond. On remarque que les particules argileuses demande une plus forte énergie d'arrachement que les sables car elles sont plus cohérentes entre elles et offre à l'eau une surface plus lisse que les sables.(figure 4-5)
Au cours de leur transport, les grains s'entre-choquent et s'usent: c'est l'abrasion. Ce phénomène est faible pour les sables; leur masse varie peu, leur forme reste plus ou moins anguleuse, leur surface montre des traces de choc en coup d'ongle. L'usure est nulle pour les particules fines; elle est en revanche importante pour les graviers et les galets qui diminuent de taille par éclatement, broyage, ér éclatement, broyage, écaillage ou dissolution et deviennent arrondis. L'abrasion dépend de la nature et la taille des galets, l'énergie de la rivière, sa charge solide et la nature du fond de son lit. exemples: des éboulis decimétriques de granodiorite deviennent arrondis après un transport un torrent de 10 km. En revanche, des grains de quartz inférieurs à 1 mm ne montrent pas de différence notable après un transport de plus de 200 km.
3.6 Transport par courant de densité
On range dans cette rubrique les courants de turbidité et les coulées de débris. Ce sont des écoulements sub-aquatiques, également aériens pour les coulées de débris, déplaçant une forte charge solide. Les matériaux d'origine sont en position instable sur une pente. Leur mouvement est déclenché par un déséquilibre du à l'apport de nouveaux éléments, un séisme, un évènement hydrodynamique de haute énergie (tempête). Un courant de turbidité débute brutalement, il érode la pente et arrache de nouveaux matériaux qui forme une sorte de nuage qui roule en remous (vortex), se développe et diffuse dans l'eau environnante. Sa vitesse au départ peut être de l'ordre de 50 km/h. La vitesse dim;tre de l'ordre de 50 km/h. La vitesse diminue ensuite et l'ensemble se dépose. On distingue les courants de faible densité (jusqu'à 150 g/l de sédiments) et les courants de forte densité dont la charge atteint 250 g/l. Le courant de turbidité qui s'est déclenché sur la côte niçoise en 1979, et dont la cause principale était la surcharge produite par le remblaiement artificiel du site de l'aéroport, s'est déplacé sur plus de 100 km en direction de la Corse.(figure 4-6)
Les coulées de débris ont des concentration supérieures à 250 g/l. Elles peuvent déplacer de gros blocs qui sont supportéspar la matrice argileuse visqueuse ("support de matrice"). Elles accompagnent souvent les éruptions volcaniques de type explosif. Les fortes pluies qui se déclenchent sur le volcan entrainent les cendres et les blocs non consolidés sur les pentes et forment des coulées boueuses qui dévalent les vallées (lahar). En 1985, le lahar suivant l'éruption du Nevado del Ruiz a fait 20 000 victimesu Nevado del Ruiz a fait 20 000 victimes en Colombie.

4. TRANSPORT PAR LE VENT
L'air est un fluide transporteur de faible viscosité; sa charge et sa compétence seront faible: les particules transportées ont des tailles de quelques 1/10ème de mm, quelques cm par vent violent. Le choc des grains entre eux est plus violent que dans un transport aquatique (l'eau amortit les chocs). Les grains présentent des traces de choc en "V" et prennent une surface dépolie. L'érosion et le transport éolien prennent une grande importance dans le cas de sédiment meuble, non protégé par la végétation, ni rendu plus cohérent par une imprégnation d'eau. Ces conditions sont rencontrées dans les régions désertiques où la désagrégation mécanique produit des matériaux de toute taille; les particules fines sont balayées (déflation), les éléments plus grossiers restent sur place et forment les surfaces caillouteuses, des regs. Les particules de l'ordre de 0,1 à 1 mm transportées par le vent érodent les roches qu'elles rencontrent: cette action de "sablage" est visible aussi bien sur des panneaux entiers de roches (falaises, monument comme le Sphinx du Caire) que sur les cailloux au sol qui prennent un aspect dépoli et présentent des surfaces planes ( galets à facettes ou "dreikanter"). Elles peuvent être accumulées plus loin en dunes. Quand les poussières sont entrainées à haute altitude, elles sont disséminées trés loin: les poussières sahariennes, de quelques dizaines de microns, tombent parfois sur la France et colorent la pluie en rouge. Les zones de plage, constituées de matériaux sableux et soumises au vent, constituent également un domaine d'action privilégié pour le vent. Les grains sont prélevés sur les zones exondées (inter- et supratidales); ils sont transportés généralement vers l'intérieur des terres et déposés en dunes littorales. Les cendres émises par une éruption volcanique sont largement disséminées à la surface du globe par les vents et colorent les couchers de soleil; en 1982, l'éruption du vocan mexicain El Chichon a projeté 500 millions de tonnes de poussières volcanique dans l'atmosphère.
Figure 4-1: Trajet des filets d'eau et coupe dans un méandre.

Figure 4-2: Action des irrégularités des parois et des obstacles sur un écoulement. Formation d'une flûte et d'un croissant de courant .


Figure 4-3 :Figures sédimentaires formées sur le fond selon le régime de l'écoulement.

Figure 4-4: Distribution des figures sédimentaires sur le fond d'un écoulement de 20 cm de profondeur en fonction de la vitesse

Figure 4-5: Diagramme de Hjuström (simplifié).


5. PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE



      


Cône d'éboulis (col de l'Izoard).



Erosion de pélites par les eaux sauvages (Haut Atlas, Maroc).


Erosion (eaux sauvages, eaux canalisées et vent) en zone aride (Sud Marocain).
 Surface de déflation en zone aride (Sud Marocain).





Glacier de montagne, moraine et torrent (Alpes).



Méandre: noter la rive concave abrupte (Jordanie).


Cheminée de fée formées dans un éboulis (Haut Atlas, Maroc).

mardi 12 août 2014


PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE  (l'alteration des continents)


Altération des calcaires en zone tropicale (Madagascar):
 la dissolution des carbonates est intense sous climat chaud.
                                         
               Croûte calcaire sur roches volcaniques (Maroc).

                                        
 Lapiez: dissolution des calcaires par l'eau de pluie acide (Alpes).










                                   
       Altération en boules du granite de Flamenville (Manche).









                                       
Altération par exfoliation dans une roche  volcanique (Ethiopie).

LA SEDIMENTOLOGIE MARINE

L'ALTERATION DES CONTINENTS

1. PRINCIPAUX ASPECTS DE L'EROSION CONTINENTALE
La destruction du continent constitue la source principale des matériaux sédimentaires. Ce phénomène intéresse aussi bien les roches magmatiques que les roches métamorphiques et sédimentaires. Les êtres vivants y contribuent également. Les actions purement mécaniques des agents d'érosion produisent des fragments qui sont à l'origine des roches détritiques. Les phénomènes chimiques donnent des solutions de lessivage qui sont les sources des minéraux néoformés des roches d'origine chimique. Les roches érodées forment un manteau d'altération (éluvion) qui après lessivage peut donner des roches résiduelles riches en fer, en aluminium... La contribution des organismes à cette couche, sous forme d'humus, aboutit à la formation d'un sol dont la nature et l'épaisseur varie selon les climats. Les composants de cette pellicule d'altération sont déblayés à leur tour et transportés sous forme solide ou en solution. Ils peuvent se déposer temporairement dans des pièges continentaux (rivières, lacs) mais sont finalement remobilisés à plus ou moins longue échéance pour être déversés dans le milieu marin. Ces transformations, surtout chimiques, correspondent à une adaptation des roches aux conditions physico-chimiques de la surface.

2. LA DESAGREGATION MECANIQUE
Un certain nombre d'agents physiques produisent la fragmentation des roches. Les variations de température entraînent la dilatation ou la contraction des roches: soumise à des variations de volume incessantes, un roche se fissure puis éclate. La fissuration est importante dans les roches composées de minéraux différents n'ayant pas le même coefficient de dilatation: des microfissures apparaissent à la limite entre les minéraux. L'eau qui pénètre dans les fissures et les pores puis gèle avec augmentation de volume ajoute son effet. Les cristaux de glace s'accroissent perpendiculairement à la surface de la fente et augmentent son ouverture: la roche est gélive, elle éclate sous l'effet du gel (exemple, la craie). La désagrégation mécanique est particulièrement importante sous les climats désertiques où les variations de température peuvent dépasser 50 °C entre le jour et la nuit. Elle est également grande sous les climats humides dont la température varie autour de 0 °C (action du gel et du dégel). Elle est responsable de l'accumulation des manteau d'éboulis caractéristiques des zones désertiques et des montagnes. La cristallisation du sel ajoute son action le long des littoraux et dans les zones désertiques. Près des côtes, les embruns salés pénètrent dans les pores des roches. Les cristaux de sels s'y développent et produisent des craquelures. Les sulfates de Na et Mg sont les plus efficaces. Enfin, le transport par l'eau, et accessoirement l'action du vent, use les matériaux et produit des éléments plus fins: limons, poussières...

3. ROLE DE L'EAU DANS L'ALTERATION
Une des caractéristique les plus importante de la surface de la Terre est l'abondance de l'eau, tant sous forme liquide que solide ou gazeuse. Les molécules d'eau sont chargées electriquement et se comportent comme des dipôles; cette propriété est dûe à la liaison covalente asymétrique qui unit les atomes d'hydrogène à l'oxygène. Les deux atomes d'hydrogène sont placés d'un seul coté et engendrent une faible charge. La nature polaire de la molécule d'eau permet l'établissement de liaisons hydrogène entre les molécules qui se disposent en groupes tétraédriques. Les propriéts de l'eau découlent de cette structure. L'eau est un trés bon solvant car les extrémités positives ou négatives de la molécule peuvent s'attacher aux ions négatifs ou positifs. Le groupement des molécules d'eau en tétraèdre explique la forte tension superficielle et la capillarité, et la large plage de température selon laquelle l'eau est à l'état liquide. L'abaissement de température diminue l'agitation thermique des molécules et favorise les liaisons hydrogène: les molécules se groupent et la viscosité de l'eau augmente. L'abaissement de température produit également l'augmentation de la densité, jusqu'à 4°C; en dessous, les molécules se réarrangent progressivement en structure hexagonale (glace) et la densité diminue jusqu'à atteindre un minimum à -22°C. Les molécules d'eau s'ionisent en H+ et OH-.. La concentration des H+ définit le pH. A la température ordinaire, il y a seulement 10-7 moles par litre d'ions hydrogène (et autant de OH-) dans l'eau pure: le pH est neutre (pH=7). L'apport d'ions hydrogène diminue le pH; cette acidité est produite notamment par le CO2 et les acides humiques du sol.
H2 O + CO2 ------> H2 CO 3-------> H+ + (HCO3) -
Les ions hydrogène sont responsables de la destruction des réseaux silicatés: ils déplacent les cations métalliques qui se recombinent avec les OH- (hydrolyse).(figure 3-1)
4. LES REACTIONS CHIMIQUES DE L'ALTERATION
4.1 Exemple d'un profil d'altération
L'altération d'une grano-diorite à été étudiée aux Etats Unis (Boulder, Colorado) sur une épaisseur de 30 m. Les résultats sont portés sur la figure. La roche est d'abord décolorée puis colorée en rouge à la surface. Le quartz et, en une moindre mesure, le microcline sont stables. Les plagioclases, la biotite et l'amphibole sont détruites. De nouveaux minéraux apparaissent comme les minéraux argileux et les oxydes de fer. L'analyse chimique montre un enrichissement en Al2 O 3, Fe 2 O 3 et K2 O, un appauvrissement en Si O 2, Fe O, Ca O et Na 2 O.( figure 3-2).
4.2 Principales réactions d'altération
L'altération chimique des roches se fait en présence d'eau; elle a lieu essentiellement en climat humide. Les réactions sont des hydrolyses, accessoirement des oxydations, des hydratations, des décarbonatations pour les roches calcaires. Les éléments solubles sont lessivés. Les parties insolubles restent sur place, se recombinent et forment des minéraux de néoformation, principalement des argiles. Les organismes peuvent intervenir à tous les stades de ce processus. Ils fournissent en particulier des matériaux minéraux ou organiques.
a) Dissolution
Ce processus physique simple intéresse les roches salines: sel gemme, potasse et gypse.
b) Oxydation et réduction
Les oxydations intéressent surtout le fer qui passe de l'état fereux à l'état ferrique.
    olivine + oxygène ---------> oxyde ferrique + silice
    Fe2 Si O 4 + 1/2 O 2 --------> Fe2 O 3 + Si O 2
Les réductions sont plus rares; elles interviennent dans les milieux hydromorphes et produisent en particulier le passage du fer ferrique au fer ferreux soluble.
c) Hydratation
C'est une incorporation de molécules d'eau à certains minéraux peu hydratés contenus dans la roche comme les oxydes de fer; elle produit un gonflement du minéral et donc favorise la destruction de la roche.
d) Décarbonatation

Elle produit la solubilisation des calcaires et des dolomies généralement sous l'action du CO2 dissous dans l'eau:

        Ca CO 3 + CO 2 + H 2 O ------> Ca (CO 3 H) 2 soluble

e) Hydrolyse
Les hydrolyses, c'est à dire la destruction des minéraux par l'eau, sont les principales réactions d'altération.
* L'hydrolyse est totale lorsque le minéral est détruit en plus petits composés possibles ( hydroxydes, ions).
Cas d'un feldspath sodique, l'albite:
(Al2 O3, 3 H2O) Na Al Si 3 O 8 + 8 H 2 O -----> Al (OH) 3 + 3 H 4 SiO 4 + Na +, OH -
    albite + eau ------> gibbsite + acide silicique + ions
    précipité <----------solution --------->
Les corps résultants peuvent ensuite réagir entre eux et donner des minéraux argileux.
* L'hydrolyse est partielle lorsque la dégradation est incomplète et donne directement des composés silicatés (argiles). Ces composés diffèrent selon les conditions de milieu. L'hydrolyse partielle de l'albite donne soit de la kaolinite, soit des smectites. (1) Formation de kaolinite:
Na Al Si 3 O 8 + 11 H 2 O-------> Si 2 O 5 Al 2 (OH) 4 + 4 H 4 SiO 4 + 2 ( Na+, OH -)
    albite + eau ----------> kaolinite + ac.silicique + ions
(2) Formation de smectite
2,3 Na Al Si 3 O 8 + H 2 O ---> Si 3,7 Al 0,3 O 10 Al 2 (OH) 2 Na 0,3 +3,2 H 4 SiO 4 + 2 ( Na+, OH- )
Cette 2ème réaction reste assez théorique car d'autres ions y participent, en particulier le Fer (Fe 3+).
 

4.3 Minéraux formés
Les nouveaux minéraux formés sont en général des phyllosilicates. Ces minéraux proviennent soit de la transformation d'un phyllosilicate pré-existant, soit d'une néoformation à partir d'un silicate non en feuillet à la suite du réarrangement de la structure cristalline. Les réactions ont lieu surtout dans le sol. Les phyllosilicates formés sont des minéraux argileux de deux types:
* type 1/1: le feuillet comporte 1 couche à tétraèdres SiO 4 et 1 couche à octaèdres AlO6
* type 2/1: le feuillet comporte 3 couches, à savoir 1 couche octaèdrique comprise entre 2 couches tétraèdriques. Lorque les nouveaux minéraux argileux sont formés à partir des micas (muscovites, biotites et chlorites), le réseau cristallin est plus ou moins conservé, on parle de transformation. Lorsqu'ils sont formés à partir de silicates qui ne sont pas en feuillets (feldspaths, amphiboles, olivine...), le réseau cristallin du minéral d'origine est complètement détruit, on parle de néoformation. (figure 3-3)
* Muscovite
Elle est assez stable. Sa fragmentation donne des petites paillettes de même composition chimique appelées séricite. Son altération chimique se fait par perte progressive d'ion K+; elle donne de l'illite, puis des argiles de 2 types selon les conditions de drainage du milieu: la kaolinite en milieu lessivé, les smectites en milieu confiné. Les minéraux intermésiaires formés sont les vermiculites et les interstratifiés. Corrélativement, la distance inter-réticulaire, qui sépare les feuillets d'argiles, augmente et passe de 10 A° (muscovite, illite) à 14 A° (smectite) ou 7 A° (kaolinite; en fait on peut admettre que 2 feuillets de kaolinite sont obtenus à partir d'un d'illite, soit 2 x 7 = 14 A° également). Les ions K+ assurent la cohésion des feuillets argileux. L'altération se manifeste par l'exfoliation des feuillets, bien visibles au microscope électronique, qui produit des particules de plus petites taille, qelques 0,1 microns, et augmente la surface de contact du minéral et la capacité d'échange des cations avec les solutions du milieu.
* Feldspaths
Bien qu'il s'agissent de tectosilicates, leur altération est comparable à celle de la muscovite (voir également paragraphe 4.2).
* Biotite
Sa résistance à l'altération dépend de la teneur de Fe++ dans le cristal; son état d'altération est exprimée par la quantité de K+ extraite du réseau. La biotite peu oxydée (surtout à Fe++) est trés altérable et se comportent comme les autres minéraux ferro-magnésiens (pyroxènes...); elle donne en particulier des vermiculites et smectites et de l'oxyde ferrique qui précipite. La biotite plus oxydée (Fe+++ surtout) est plus stable.
* Autres ferromagnésiens
Leur altération est semblable à celle de la biotite peu oxydée; ils donnent de la vermiculite, des smectites, des chlorites ou des argiles magnésiennes si le milieu est trés confiné.
4.4. La complexolyse
C'est une variante de l'hydrolyse en présence de matière organique. Les composés organiques de l'humus extraient les cations métalliques des réseaux cristallins. Les minéraux sont détruits; les cations sont fixés sur les composés organiques en donnant des complexes organo-métalliques. Les cations se liant aux grosses molécules organiques de l'humus sont surtout les ions Al 3+, Fe 2+ et Fe 3+.

5. FACTEURS CONTROLANT L'ALTERATION
5.1 Résistance d'un minéral à l'altération
L'énergie de liaison varie selon le type d'ions concernés. Le K+ est faiblement lié à l'oxygène, le Fe++ et le Mg++ le sont moyennement; le Si 4+ établit au contraire des liaisons trés fortes. On comprend ainsi que le quartz, tectosilicate ne comportant que des liaisons fortes entre le silicium et l'oxygène, résiste mieux à l'altération; l'olivine en revanche, contenant des cations moins liés (Fe++ et Mg++) a un réseau cristallin plus fragile. GOLDICH (1938) a établi l'ordre de résistance des minéraux à l'altération:
Labile olivine ...................................................................plagioclases Ca
    augite .............................................plagioclases Ca-Na
      hornblende ................plagioclases Na-Ca
        biotite .........plagioclases Na
          feldspaths K
          muscovite
Résistant......................................quartz
On remarque que cet ordre évoque les suites de BOWEN: ce n'est pas un hasard. Dans un magma, l'olivine cristallise à haute température, elle est donc particulièrement instable dans les conditions de surface; elle est la plus labile. Le quartz, en revanche est formé à une température moins élevée, il est plus stable. Le type de réseau cristallin intervient dans la stabilité du minéral en surface. Les phyllosilicates, comme la muscovite, résistent mieux à l'altération. Des travaux récents ont permis d'évaluer la vitesse d'hydrolyse d'un minéral silicaté en mesurant la vitesse de libération de la silice issue du minéral dans le milieu . Cette vitesse est fonction de la surface de contact du minéral, du pH et d'une constante de vitesse de libération "K" propre au minéral qui est mesurée en mole/m2/an; voici quelques valeurs de K:
    anorthite : 1,76 10-1
    feldspath K : 5,26 10-5
    muscovite : 8,09 10-6
    quartz : 1,29 10-7

On retrouve plus ou moins l'ordre établi par GOLDICH. 


5.2 Mobilité des ions
La mobilité d'un ion dépend de son rayon et de sa charge ionique.
* Rayon ionique:
    Si4 +: r = 0,42 A°
    Al 3+: r = 0,51 A°
    2- : r = 1,4 A°
La taille des ions détermine leur arrangement cristallin; le nombre de coordination d'un ion par rapport à l'oxygène est le nombre d'ions oxygène qui peuvent se disposer autour de l'ion considéré:
    - Silicium : nombre de coordination 4, l'arrangement est un tétraèdre;
    - Aluminium: nombre de coordination 6, l'arrangement est un octaèdre.
* Charge ionique :
la charge Z d'un ion est égale à 1+, 2+, 3+...
* Potentiel ionique:
c'est le rapport Z/r; il détermine le comportement des ions. La classification établie par GOLDSCHMIDT distingue 3 groupes d'ions d'après la valeur du potentiel ionique:
    * Z/r < ou = 3 : les cations solubles, gros ions faiblement chargés;
    * 3 < Z/r < 10 : les hydrolysats, hydroxydes insolubles;
    * Z/r > 10 : les oxyanions solubles, anions complexes avec oxygène.
La répartition des charges électriques à la surface de l'ion explique son comportement vis-à-vis de l'eau.
* oxyanions solubles: leur potentiel ionique est grand, leur surface est fortement chargée. Ces ions dissocient les H+ des molécules d'eau et s'associent avec les O--: les ions soufre donnent des ions sulfates (SO4)2-, les ions carbone des carbonates (CO 3)2-, les ions phosphore des phosphates (PO4)3-...
* hydrolysats: la dissociation de l'eau est partielle en H+ et OH-. Les cations s'unissent aux OH- et forment des hydroxydes insolubles (Fe2 O3, Al2 O 3...)
* cations solubles: leur potentiel ionique et leur densité de charge de surface sont faibles. Ils n'ont pas d'action sur la molécule d'eau et restent dispersés.(figure 3-4).

La valeur du potentiel ionique permet donc d'expliquer l'association de certains métaux dans les minéralisations (par exemple la paragénèse plomb-zinc), le lessivage des cations solubles et des oxyanions comme le potassium, les sulfates, l'immobilité relative des hydrolysats comme l'Al (OH)3 (gibbsite). 


5.3 Facteurs externes contrôlant l'hydrolyse
Ce sont les facteurs physico-chimiques qui participent notamment à la définition du climat:
* la concentration en SiO2 exprimée en concentration d'acide silicique H 4 SiO 4,
* la concentration en cations basiques (Na+, Ca++, K+),
* le pH déterminé en particulier par les acides organiques,
* la température dont l'augmentation régit la vitesse des réactions et la possibilité de dissolution des ions dans l'eau,
* la vitesse de circulation de l'eau dans le milieu (drainage) exprimant les conditions de confinement ou de lessivage.
5.4 Cas du Fer
La solubilité du Fe dépend de la stabilité du système Fe2+ / Fe3+. De plus, l'hydroxyde ferrique, hydrolysat insoluble, peut être solubilisé par ionisation en pH acide.(figure 3-5, 3-6).
On voit que dans les conditions naturelles, l'état d'oxydation du fer dépend du pH: le fer ferreux est stable à pH acide, le fer ferrique à pH basique. Dans les milieux à l'abris de l'air (sol, fond de marécage...) le fer est à l'état ferreux ; il passe à l'état ferrique au cours de l'altération à l'air. Il est lessivé en partie par l'eau de pluie légèrement acide et transporté par les rivières. Arrivé dans l'eau de mer à pH basique, sa solubilité diminue fortement et il précipite.
5.5 Solubilité de la silice
Elle est principalement sous forme d'acide silicique H 4 SiO 4; l'eau de rivière en contient environ 13 mg/l. Le pH a peu d'action sur sa solubilité dans les conditions normales (la solubilité de la silice augmente au delà de pH = 9 ). Il y a en fait relativement peu de silice transportée car les ions Al3+ réagissent sur elle pour donner des amas colloïdaux silico-alumineux peu mobiles. La figure 7 montre la solubilité du quartz en fonction du pH et de la température. L'axe des ordonnées indique la quantité de silice perdue par le cristal et passant en solution. Cette quantité est grossièrement multipliée par 10 entre 0 et 60°C; l'action du pH ne se fait sentir qu'au delà de pH = 9.(figure 3-7).
6. MECANISMES DE L'HYDROLYSE
L'expérience classique de Frederickson et Cox, bien qu'effectuée à température et pression élevée, donne une bonne idée des mécanismes et des produits de l'hydrolyse des silicates. Elle a porté sur 3 tectosilicates, quartz, albite, anorthite. Dans les 3 cas, les auteurs ont obtenu des fragments de cristaux de taille colloïdale, de gros fragments (de l'ordre du micron) et des ions. Les expériences ultérieures, poursuivies dans les conditions physico-chimiques de surface, ont abouti aux mêmes résultats. Les auteurs en concluent que la structure d'un cristal ressemble à une mosaïque: des portions sont bien cristallisées et résistent mieux à l'altération; elles sont réunies par des zones moins bien cristallisées qui sont plus altérables et libèrent leurs ions. Ces derniers peuvent polymériser et former des amas colloïdaux et des chaînes silicatées. Frederikson a proposé d'expliquer l'action de l'eau sur un cristal silicaté comme un feldspath. La surface du cristal est chargée négativement car les tétraèdres SiO4 qui le composent ne sont pas saturés à la surface. Les dipôles d'eau se disposent à la surface du cristal du coté de leur charge positive (H+), les protons H+ pénètrent dans le réseau cristallin où ils entrent en compétition avec les cations comme Na+, K+, Ca+++ qui sont faiblement liés aux ions oxygène (voir paragraphe 3) alors que les H+ établissent des liaisons fortes. Les gros cations sont déplacés et passent en solution; le réseau cristallin est déstabilisé, certains oxygènes non coordonnés se repoussent et le cristal se fragmente en tronçons.

7. ROLE DES ORGANISMES DANS L'ALTERATION
7.1 Principaux effets des êtres vivants sur les roches
Les études ont porté notamment sur l'effet des organismes adhérant à une roche: algues vertes, diatomées, lichens, champignons, bactéries. Ceux-ci adhèrent à la surface grâce en particulier à des organes appropriés qui pénètrent dans les fissures et exfolient les minéraux lamellaires (hyphes de lichen exfoliant la biotite). Ils produisent une désagrégation et une microdivision de la surface de la roche ainsi qu'une attaque chimique par sécrétion d'acide oxalique produit par les lichens comme par les racines des végétaux supérieurs. Les cations des minéraux sont extraits par complexolyse. Sous les lichens adhérant à la roche est mise en évidence la formation de composés mal cristallisés à base de Si, Al et Fe, de nombreux composés à base de Ca et des gels organo-minéraux , résultats de la complexolyse et précurseurs du sol.
7.2 Rôle de la matière organique
Elle intervient dans la complexolyse (voir paragraphe 4.4. )

8. BILAN DE L'ALTERATION
Une réaction générale d'hydrolyse peut s'écrire:
Minéral Primaire + Réactifs en solution -------> Minéral Secondaire + Solution de lessivage
facteurs: composition chimique et minéralogique,température, pH , temps de contact ,concentration, drainage,granulométrie...
La destruction des édifices cristallins silicatés produit des fragments de chaine silicatées qui, au moins dans un premier temps, restent sur place, et des ions solubles qui sont emportés par l'eau ou lessivés. L'importance respective de l'héritage, des transformations et des néo-formations est étroitement liée à l'intensité de l'altération et au lessivage. Pour une altération et un lessivage faible , les argiles 2/1 se forment. Avec l'augmentation de l'intensité de ces paramètres, ce sont des argiles 1/1,plus pauvre en silice, qui sont synthétisées. Pour un fort lessivage,les cations solubles sont entraînés et les phyllosilicates ne peuvent plus se former: il reste sur place le quartz et les oxydes de fer et d'aluminium.

9.1. Quelques définitions
Un sol est une pellicule d'altération recouvrant une roche; il est formé d'une fraction minérale et de matière organique (humus). Un sol prend naissance à partir de la roche puis il évolue sous l'action des facteurs du milieu, essentiellement le climat et la végétation. La pédologie est l'étude des sols. La pédogénèse est la formation et l'évolution des sols. Le sol apparait, s'approfondit et se différencie en strates superposées, les horizons pédologiques, qui forment le profil pédologique. Il atteint finalement un état d'équilibre avec la végétation et le climat. Les principaux horizons sont les suivants:
* Horizon A: horizon de surface à matière organique (débris de végétaux)
* Horizon C : roche peu altérée
* Horizons B: horizons intermédiaires apparaissants dans les sols évolués. Selon le type de formation et la composition, ils sont désignés par S, E, BT,  BP...
Les sols peu évolués ont un profil AC, les sols évolués ont un profil ABC. Les horizons B sont formés par l'altération de la roche ou par les mouvements de matière depuis A.
9.2. La fraction minérale du sol
La destruction des roches se fait (1) par désagrégation mécanique qui donne des fragments et (2) par altération chimique qui produit des ions solubles (cations, acide silicique...), des gels colloïdaux par hydratation et polymérisation des cations comme le fer et l'aluminium avec la matière organique (complexolyse) et des argiles, contituants fondamentaux du sol. L'ensemble constitue le complexe d'altération. L'altération demande de l'eau et une température suffisante; elle est moyenne en climat tempéré, elle est maximale sous climat équatorial. Elle se fait par hydrolyse pour les roches silicatées (voir ci-dessus), par décarbonatation pour les roches calcaires (solubilisation du carbonate par le CO2 contenu dans l'eau). La désagrégation mécanique caractérise les climats froids ou désertiques.
Le complexe d'altération comprend la fraction argileuse héritée, transformée en néoformée et d'autres constituants, cryptocristallins ou amorphes, comme les oxyhydroxydes de Fe, Al, Mn, Si, associés aux argiles et complexés avec l'humus.
Les oxyhydroxydes de Fer sont en particulier la goethite de couleur ocre (Fe OOH) en climat humide, l'hématite rouge (Fe2 03) en sol fersialitique. Ils assurent les liaisons entre argiles et humus. Les formes complexées évoluent vers des formes cryptocristalline puis cristalline.
L'aluminium est sous forme d'ion Al+++ hydraté responsable de l'acidité du sol. Comme le fer, ils assurent les liaisons argiles-matière organique et peuvent se fixer sur les feuillets de vermiculite pour donner une chlorite. Les formes cristallines de l'aluminium comme la gibbsite (Al OH3) et la bohémite (Al OOH) sont rares dans les sols des climats tempérés.
Le silicium est sous forme soluble (H4 Si 04) ou sous forme de silice amorphe de 2 origines possibles : - la bioopale des phytolithes (diamètre de 2 à 50 µm) ; - la polymérisation de l'acide silicique adsorbé sur des gels à base d'Al ou de Fe qui évoluent ensuite en argiles de néoformation (kaolinite, smectites).
En climat chaud et humide, l'hydrolyse est totale, elle se fait à pH neutre; les silicates sont hydrolysés en gibbsite; l'acide silicique et les cations solubles sont lessivés, il reste sur place le fer et l'aluminium qui constituent un sol ferralitique ou latéritique. Les oxydes de fer peuvent se concentrer en surface et constituer une croûte ferrugineuse, la croûte latéritique. La matière organique, oxydée, intervient peu. Les latérites en place ou remobilisées sont susceptibles d'être exploitées comme minerai de fer ou d'aluminium (bauxite). Les gisements de bauxite des Baux en Provence ont cette origine. Les minéraux néo-formés à partir des ions libérés sont la kaolinite et les smectites selon la qualité du drainage. Les lessivage, en éliminant les cations, augmente l'acidité du sol.
En climat chaud et à saisons sèches et humides alternant, le lessivage et le confinement alternent, les solutions remontent à la surface en saison sèche, la matière organique est minéralisée rapidement et a peu d'action, des smectites se forment, la silice reste sur place. Le sol contient l'association Fe, Si et Al, c'est le sol fersialitique des pays tropicaux et méditerranéens. La concentration en surface des oxydes de fer produit le phénomène de rubéfaction.
En climat tempéré, les hydrolyses sont partielles. Les minéraux argileux sont hérités de la roche-mère (chlorites par exemple) ou transformés progressivement. Lorsque l'hydrolyse est neutre, comme sur roches calcaires, l'illite est dégradée en smectites (K+ remplacée par Ca++, Mg++). Pour une hydrolyse à pH acide, sous l'action des acides organiques (oxalique, citrique), l'illite est transformée plutôt en vermiculite par perte de K+ et ouverture des feuillets; la transformation en chlorite est également possible; des complexes organo-métalliques se forment par complexolyse. Les sols sont des sols bruns.
Sous climat froid et humide, milieu de formation des podzols, les acides organiques attaquent les illites et vermiculites et les dégradent en smectites; la kaolinite peut être néoformée.
Outre le climat, la nature de la roche-mère intervient sur les caractères de la fraction minérale. En climat équatorial, les granites altérés donnent de la kaolinite, alors que les roches basiques, plus riches en cations, donnent de préférence des smectites. La topographie a également un rôle important sur la qualité du drainage. Sur roches calcaires, se forme un type de sol particulier , les Rendzines.
9. 3 La fraction organique
La végétation fournit des débris végétaux qui constituent la litière de l'horizon Ao. Sa décomposition se fait sous l'action des microorganismes et produit l'humus et les composés minéraux de l'horizon A1. Les matières organiques sont d'abord dépolymérisées. Les monomères résultants peuvent suivre 2 voies :
    - La minéralisation qui produit des composés minéraux comme le CO2, le NH3, les nitrates, les carbonates ;
    - l'humidification qui est une repolymérisation en composés organiques amorphes qui se lient aux argiles.
Cet humus peut être ensuite minéralisé à son tour. Il comprend des acides fulviques et humiques extractibles à la soude (alcalino-solubles) et l'humine qui est totalement insoluble; les composés à fort poids moléculaire (100 000) sont polymérisés à partir de noyaux aromatiques (phénols) provenant de la destruction de la cellulose et de la lignine sous l'action microbienne, en particulier des champignons. Son type dépend des caractères de la végétation et du climat. En climat froid (boréal) et tempéré, il est riche en acides organiques trés agressifs qui produisent une complexolyse intense; en climat équatorial, il est trés évolué et peu actif.
La vitesse d'humification dépend de l'activité biologique conditionné par la température.
    - En milieu peu actif la décomposition des litières est lente, l'horizon organique Ao brun noir, fibreux et acide est bien distinct, c'est un mor (ou terre de bruyère).
    - En milieu biologiquement plus actif, l'horizon Ao est moins épais et constitue un moder.
    - En milieu très actif, la décomposition est très rapide, l'horizon Ao disparait, l'humus est incorporé dans la fraction minérale en complexes organo-minéraux formant un horizon A1 (mull) à agrégats argilo-humiques à Fe et Al.
9.4. Structure et évolution des sols
En climat tempéré, lorsqu'une roche affleure, elle est progressivement altérée et colonisée par la végétation: végétaux inférieurs, plantes herbacées puis arbres; le sol se forme. Il s'établit d'abord un horizon d'humus sur la roche altérée (profil AC, sol jeune), puis un horizon de type B (profil ABC). La profondeur augmente et le profil pédologique devient de plus en plus évolué jusqu'à atteindre un état d'équilibre avec le climat et la végétation. Les matières circulent dans le sol dans le sens descendant, par infiltration des solutions, et dans les sens ascendant, par remontée capillaire et remontée biologique (lombrics, termites en climat tropical, racines).
La texture du sol est définie par la grosseur des particules qui le composent : % graviers, sable, terre fine...La structure est l'organisation du sol. Elle est conditionnée par les colloïdes : argiles, substances humiques hydroxydes. Les argiles favorisent la fragmentation du sol en produisant des fentes de retrait à la dessication. Elles peuvent enrober les autres particules et colmater les pores. Elles peuvent fixer des composés organiques par adsoption sur leurs feuillets par l'intermédiaire des oxyhydroxydes d'Al et de Fer qui forment un revêtement pelliculaire. Ces complexes organo-minéraux (ou argilo-humiques) sont aglomérés en agrégats incorporant des filaments mycéliens et des bactéries à polysaccharides.
On distingue 3 grands types de structures :
    - particulaire : sol très meuble
    - massives : éléments liés par un ciment
    - fragmentaire : en agrégat (mn), grumeaux (cm) ou polyédrique, trés favorable aux cultures .
Ainsi, la végétation fournit l'humus et assure la circulation ascendante des matières; elle protège ensuite la roche de l'érosion. La destruction de la végétation entraine celle des sols évolués, ou évolution régressive du sol. Les cycles évolution-régression des sols se succèdent à intervalles de temps courts (cataclysmes, action de l'homme) ou longs (pulsations climatiques).
Le rôle déterminant du climat dans l'altération des roches et l'élaboration des sols a donné lieu à la formulation de la théorie de la bio-rhéxistasie par ERHART. En climat humide, les conditions sont favorables à l'altération des roches, au développement de la végétation et à la formation des sols; la destruction des roches est limitée aux phénomènes chimiques qui libèrent essentiellement des ions solubles: cette période favorable à la vie est la biostasie. En période sèche, la végéta roches mises à nu sont soumises à la désagrégation mécanique qui produit des matériaux détritiques grossiers: c'est la rhéxistasie.
En climat tempéré, il faut environ 1000 ans pour former un horizon A1, plusieurs milliers d'années pour un horizon B et quelques heures à un homme pour détruire un sol. (figure3-11)
CLIMATVEGETATION
et SOL
ALTERATIONORIGINE des
ARGILES
MINERAUX
FREQUENTS
PRODUCTIVITE
EVOLUTION M.
ORGANIQUE
GlaciaireToundraDésagrégation
mécanique
HéritageIllite
Chlorite
nulle
BoréalTaïga
Podzols
ComplexolyseTransformation
Héritage faible
Amorphes
Vermiculite
forte
TempéréFeuillus
Sols Bruns
Podzols
Complexolyse
hydrolyse + ou -
acide
Transformation
Héritage
Vermiculite
Interstratifiés
Illite, Chlorite
Smectites
forte
Méditerranéen
Subtropical
Steppe, savane
FerSialitique
Hydrolyse
neutre
Transformation
Néoformation
Héritage
Smectitesfaible
DésertiquenéantDésagrégation
mécanique
HéritageIllite
Chlorite
nulle
EquatorialForêt
Ferralitique
Hydrolyse neutre
totale
NéoformationGibbsite
Kaolinite
Maximale
Figure 3-10: Altération et type de sols selon le climat
9.5. Principaux types de sols
* Sols peu évolués
    - sols désertiques (aridisols) : profil réduit à C ;
    - sols gelés (cryosols) ;
    - sols alluviaux et colluviaux ;
    - ranker sur roches siliceuses ; humus peu actif (mor) profil AC.
* Sols calcimagnésiques : Rendzines sur roches calcaires, horizon A1 humifère à complexe argile - humus - Ca C03, épaisseur : 40 cm
* Chernozem sous climat froid et sec (steppe); défini en Ukraine; horizon A1 noir à structure grumeleuse, jusqu'à 60 cm d'épaisseur, B réduit : profil AC ; sol très fertile.
* Sols bruns : en climat tempéré; profil ABC; humus actif (mull), horizon B brun (association oxydes de Fe - argiles)
* Podzols sols à horizon cendreux de zones boréales (Taïga) et tempérées humides; Ao : mor noir A2 : cendreux, surtout du quartz; très lessivé sous l'action des acides organiques de l'humus. B coloré: accumulation de composés organiques et minéraux.
* Gleys sols hydromorphes, imbibés d'eau; le déficit d'oxygène ralentit l'humidification et réduit le Fe (couleur gris-vert), à l'extrème, une gley peut donner une tourbe.
* Sols rouges fersialitiques riches en oxydes de Fe; sous climats méditerranéens et subtropicaux.(figure 3-12).
10. CONCLUSIONS

Sur le continent, une roche est soumise à l'action des facteurs physiques, chimiques et biologiques propres au climat. Elles est désagrégée et transformée. Ses minéraux non modifiés ou transformés, avec des minéraux nouvellement formés, constituent la fraction minérale de la pellicule d'altération. Les êtres vivants fournissent la matière organique qui réagit sur certains composants minéraux. L'ensemble fraction minérale et fraction organique constitue un sol. Toute modification de l'équilibre entre les facteurs pourra entraîner la modification ou la destruction du sol; dans ce dernier cas, ses constituants seront entraînés et contribueront à la formation de nouveaux sédiments. 
Figure 3-1: Structure de la molécule d'eau

Figure 3-2: Profile d'altération d'une grano-diorite.

Figure 3-3: Structure des phyllosilicates des argiles.

Figure 3-4: classification des ions par Goldschmidt.

Figure 3-5 : stabilité du système Fe2+ / Fe3+ en fonction de l'Eh et du pH pour une solution diluée à température de 25°C et pression atmosphérique.

Figure 3-6 : solubilité du Fe3+ en fonction du pH de la solution

Figure 3-7: solubilité de la silice.

Figure 3-11 : Pédogénèse suivant la latitude.

Figure 3-12: Profils pédologiques

PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE